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在悖论的森林中
勒克莱齐奥诺贝尔奖受奖演说(续一)
这一“悖论的森林”,就如斯梯格·达耶尔曼命名的那样,恰恰就是写作的领域,是艺术家不应该寻求逃避的地方,相反,他应该“安扎”在其中,以求熟悉它的每一处细节,来探索每一条小径,为每一棵树命名。这并不总是一种舒适的逗留。他本来认为得到了庇护,她本来信赖她的书页如同信赖一个亲密而又宽容的密友,但他们却一头撞在了现实中,不仅作为观察者,而且作为表演者。他们得选择自己的阵营,保持距离。西塞罗、拉伯雷、孔多塞、卢梭、斯塔尔夫人,或者更近的索尔仁尼琴或黄皙暎,阿卜代拉蒂夫·拉阿比或昆德拉,他们都被迫走上了流亡之路。对我这个始终熟悉——除了在短暂的战争时期——运动可能性的人来说,禁止人生活在自己选定的地方,就跟被剥夺自由一样,是无法接受的。
Cette « forêt de paradoxes », comme l’a nommé Stig Dagerman, c’est justement le domaine de l’écriture, le lieu dont l’artiste ne doit pas chercher à s’échapper, mais bien au contraire dans lequel il doit « camper » pour en reconnaître chaque détail, pour explorer chaque sentier, pour donner son nom à chaque arbre. Ce n’est pas toujours un séjour agréable. Lui qui se croyait à l’abri, elle qui se confiait à sa page comme à une amie intime et indulgente, les voici confrontés au réel, non pas seulement comme observateurs, mais comme des acteurs. Il leur faut choisir leur camp, prendre des distances. Cicéron, Rabelais, Condorcet, Rousseau, Madame de Staël, ou bien plus récemment Soljenitsyne ou Hwang Seok-yong, Abdelatif Laâbi ou Milan Kundera ont eu à prendre la route de l’exil. Pour moi qui ai toujours connu – sauf durant la brève période de la guerre – la possibilité de mouvement, l’interdiction de vivre dans le lieu qu’on a choisi est aussi inacceptable que la privation de liberté.
这一如同一种特权的行动自由,其结果也回导致悖论。请看一看作家居住的森林深处的长满了尖刺的树:专心于写作、专心于虚构梦幻的这个男人,这个女人,难道不是一群很幸福很少数的少数幸福者中的成员吗?让我们想象一个极端的、可怕的情景——这正是我们地球上大部分人所生活的情景。过去,在亚里士多德或者托尔斯泰的时代,这也曾是卑贱者生活的情景——这些卑贱者包括中世纪欧洲的农奴、奴仆、农民,或者光明世纪时从非洲海岸抢劫来的,并被卖到戈雷岛、艾尔米那、桑给巴尔的人。即便在今天,在我眼下正说话的时刻,所有那些没有言论权的人,在话语的另一边的人都是如此。打动了我心的,是达耶尔曼的悲观主义思想,而不是葛兰西的战斗姿态,或者是萨特不抱什么幻想的打赌。说文学是一个统治阶级的奢侈品,说它靠大多数人都不熟悉的思想和形象来哺育,这正是我们每个人都体验到的不安的根源——我指的是那些能读能写的人。人们可能特别渴望把这一话语带给那些被排斥者,慷慨地邀请他们入席文化的盛宴。可这为什么就那么难呢?那些无文字民族,就像那些人类学家很开心地命名的那样,靠着歌唱和神话,已经创造出了一种彻底的交流法。为什么在我们今天的工业化社会中,这就变得不可能了呢?应该重新创造文化吗?应该返回到一种即刻的、直接的交流吗?人们很愿意相信,电影在今天扮演了这一角色,或者,还有押韵的、有节奏的、能伴舞的民歌。兴许还有爵士乐,或者,在另外的天空下,有卡吕普索曲、玛罗亚、萨伽史诗。
Mais cette liberté de bouger comme un privilège a pour conséquence le paradoxe. Voyez l’arbre aux épines hérissées au sein de la forêt qu’habite l’écrivain : cet homme, cette femme occupés à écrire, à inventer leurs songes, ne sont-ils pas les membres d’une très heureuse et réduite happy few ? Imaginons une situation extrême, terrifiante – celle-là même que vit le plus grand nombre sur notre planète. Celle qu’ont vécue jadis, au temps d’Aristote ou au temps de Tolstoï, les inqualifiables – les serfs, serviteurs, vilains de l’Europe au Moyen-Âge, ou peuples razziés au temps des Lumières sur la côte d’Afrique, vendus à Gorée, à El Mina, à Zanzibar. Et aujourd’hui même, à l’heure que je vous parle, tous ceux qui n’ont pas droit à la parole, qui sont de l’autre côté du langage. C’est la pensée pessimiste de Dagerman qui m’envahit plutôt que le constat militant de Gramsci ou le pari désabusé de Sartre. Que la littérature soit le luxe d’une classe dominante, qu’elle se nourrisse d’idées et d’images étrangères au plus grand nombre, cela est à l’origine du malaise que chacun de nous éprouve – je m’adresse à ceux qui lisent et écrivent. L’on pourrait être tenté de porter cette parole à ceux qui en sont exclus, les inviter généreusement au banquet de la culture. Pourquoi est-ce si difficile ? Les peuples sans écriture, comme les anthropologues se sont plu à les nommer, sont parvenus à inventer une communication totale, au moyen des chants et des mythes. Pourquoi est-ce devenu aujourd’hui impossible dans notre société industrialisée ? Faut-il réinventer la culture ? Faut-il revenir à une communication immédiate, directe ? On serait tenté de croire que le cinéma joue ce rôle aujourd’hui, ou bien la chanson populaire, rythmée, rimée, dansée. Le jazz peut-être, ou sous d’autres cieux, le calypso, le maloya, le sega.
悖论并非才始于昨天。弗朗索瓦·拉伯雷,最伟大的法语作家,早就向索邦学院那些人的学究气发起了战争,他把从大众语言中抓到的词语朝他们劈脸扔去。他为那些饥饿者说话了吗?放荡、沉醉、大吃大喝。他用词语写下了那些靠榨取农民和工人而喂得肥头大耳的人异常惊人的胃口,写出了一个假面舞会的时代,一个反面的世界。革命的悖论,如同面容忧伤的骑士史诗般的骑行,活跃在作家的意识中。如果说,他下笔时有一种不可缺少的道德观,那么,它的笔决不可用来赞美强者,哪怕只是最轻微的取悦。然而,即便是在这一道德观的实践中,艺术家也不应该感到自己洗清了任何疑点。他的反抗,他的拒绝,他的诅咒,总是停留在屏障的某一侧,在强者语言的那一侧。一些词,一些句子逃脱了。但是剩下的呢?一种长久的文字隐迹,一种优雅而又冷淡的拖延。有时候,还有幽默,它不是绝望的礼貌,而是未完成之绝望,非正义的奔流将它们遗弃的滩岸。
Le paradoxe ne date pas d’hier. François Rabelais, le plus grand écrivain de langue française, partit jadis en guerre contre le pédantisme des gens de la Sorbonne en jetant à leur face les mots saisis dans la langue populaire. Parlait-il pour ceux qui ont faim ? Débordements, ivresses, ripailles. Il mettait en mots l’extraordinaire appétit de ceux qui se nourrissaient de la maigreur des paysans et des ouvriers, pour le temps d’une mascarade, d’un monde à l’envers. Le paradoxe de la révolution, comme l’épique chevauchée du chevalier à la triste figure, vit dans la conscience de l’écrivain. S’il y a une vertu indispensable à sa plume, c’est qu’elle ne doive jamais servir à la louange des puissants, fût-ce du plus léger chatouillis. Et pourtant, même dans la pratique de cette vertu, l’artiste ne doit pas se sentir lavé de tout soupçon. Sa révolte, son refus, ses imprécations restent d’un certain côté de la barrière, du côté de la langue des puissants. Quelques mots, quelques phrases s’échappent. Mais le reste ? Un long palimpseste, un atermoiement élégant et distant. L’humour, parfois, qui n’est pas la politesse du désespoir mais la désespérance des imparfaits, la plage où le courant tumultueux de l’injustice les abandonne.
那么,为什么写作?自从一段时间以来,作家已经再也没有了自负,会去相信,他还能改变世界,他还能以自己的长篇和短篇小说去催生一种更美好的生活。他只想成为一个简单的见证。请看在悖论的森林中这另一棵树。作家想成为见证,而在大多数情况下,他实际上仅仅是一个简单的窥视者。
Alors, pourquoi écrire ? L’écrivain, depuis quelque temps déjà, n’a plus l’outrecuidance de croire qu’il va changer le monde, qu’il va accoucher par ses nouvelles et ses romans un modèle de vie meilleur. Plus simplement, il se veut témoin. Voyez cet autre arbre dans la forêt des paradoxes. L’écrivain se veut témoin, alors qu’il n’est, la plupart du temps, qu’un simple voyeur.
(下一段中,讲了一些见证的例子,略。)
Témoin, il arrive que l’artiste le soit : Dante dans La Divina Commedia, Shakespeare dans The Tempest – et Césaire dans la magnifique reprise de cette pièce, appelée Une Tempête, dans laquelle Caliban, à cheval sur un baril de poudre, menace d’emmener avec lui dans la mort ses maîtres détestés. Témoin, il l’est parfois de façon irrécusable, comme Euclides da Cunha dans Os Sertões, ou comme Primo Levi. L’absurde du monde est dans Der Prozess (ou dans les films de Chaplin), son imperfection dans La Naissance du jour de Colette, sa fantasmagorie dans la chanson irlandaise que Joyce a mise en scène dans Finnegans Wake. Sa beauté brille d’un éclat irrésistible dans The Snow Leopard de Peter Matthiessen ou dans A Sand County Almanach d’Aldo Leopold. Sa méchanceté dans Sanctuary de William Faulkner, ou dans Première neige de Lao She. Sa fragilité d’enfance dans Ormen (Le Serpent) de Dagerman. L’écrivain n’est jamais un meilleur témoin que lorsqu’il est un témoin malgré lui, à son corps défendant. Le paradoxe, c’est que ce dont il témoigne n’est pas ce qu’il a vu, ni même ce qu’il a inventé. L’amertume, parfois le désespoir, viennent de ce qu’il n’est pas présent au réquisitoire. Tolstoï nous fait voir le malheur que l’armée napoléonienne inflige à la Russie, et pourtant rien n’est changé dans le cours de l’histoire. Mme de Duras écrit Ourika, Harriet Beecher Stowe Uncle Tom’s Cabin, mais ce sont les peuples esclaves qui changent leur propre destin, qui se révoltent et fondent contre l’injustice les résistances marronnes, au Brésil, en Guyane, aux Antilles, et la première république noire en Haïti.
行动,是作家在一切之上最想做的事。行动,而不是见证。写作,想象,梦想,好让他的词语、他的虚构和他的梦干涉现实,改变人的精神和心灵,打开一个更美好的世界。然而,就在同一时刻,另一个声音提醒他说,那将是不可能的,词语就是词语,会被社会的风卷走,而梦只是一些奇幻的意象。有什么权利想要自己更好呢?真的应该由作家来寻找出路吗?这难道不是在《克诺克或医学的胜利》中那位乡村警察的立场吗,他竟想阻止一场地震?只知道回忆的作家,还能如何行动呢?
Agir, c’est ce que l’écrivain voudrait par-dessus tout. Agir, plutôt que témoigner. Ecrire, imaginer, rêver, pour que ses mots, ses inventions et ses rêves interviennent dans la réalité, changent les esprits et les coeurs, ouvrent un monde meilleur. Et cependant, à cet instant même, une voix lui souffle que cela ne se pourra pas, que les mots sont des mots que le vent de la société emporte, que les rêves ne sont que des chimères. De quel droit se vouloir meilleur ? Est-ce vraiment à l’écrivain de chercher des issues ? N’est-il pas dans la position du garde champêtre dans la pièce du Knock ou Le Triomphe de la médecine, qui voudrait empêcher un tremblement de terre ? Comment l’écrivain pourrait-il agir, alors qu’il ne sait que se souvenir ?
孤独将是他的奖品。它始终就是。儿童时,他就是那个极其脆弱、不安、敏感的生命,就是C描绘的那个姑娘,她只能眼睁睁地看着父母亲打得不可开交,她大大的黑眼睛被某种痛苦的注意力惊得更大了。孤独对作家来说是深情的,正是在它的陪伴下,他们找到了幸福的本质。这是一种矛盾的幸福,混杂了痛苦与愉快,一种微不足道的胜利,一种隐约的却又无处不在的痛,就像是一段萦绕人心的小小乐曲。作家是那个最善于栽培这株有毒的却又必需的植物的人,它只在自身无能的土壤上生长。他想为所有人,为所有的时代说话:他或她就在那儿,在他的房间里,在灯罩里透出的一种神秘光线下,面对着洁白纸页这面过于空的镜子。面对他的电脑过于鲜亮的屏幕,听着他的手指头在键盘上打出嗒嗒的声音。他的森林,就是它。作家实在太熟悉它的每一条小径了。假如有时候某个东西逃脱了,就像一只被猎犬惊飞的小鸟,那也是在他惊讶的目光之下——那是偶然的,那不是他的或她的本意。
La solitude sera son lot. Elle l’a toujours été. Enfant, il était cet être fragile, inquiet, réceptif excessivement, cette fille que décrit Colette, qui ne peut que regarder ses parents se déchirer, ses grands yeux noirs agrandis par une sorte d’atttention douloureuse. La solitude est aimante aux écrivains, c’est dans sa compagnie qu’ils trouvent l’essence du bonheur. C’est un bonheur contradictoire, mélange de douleur et de délectation, un triomphe derisoire, un mal sourd et omniprésent, à la manière d’une petite musique obsédante. L’écrivain est l’être qui cultive le mieux cette plante vénéneuse et nécessaire, qui ne croît que sur le sol de sa propre incapacité. Il voulait parler pour tous, pour tous les temps : le voilà, la voici dans sa chambre, devant le miroir trop blanc de la page vide, sous l’abat-jour qui distille une lumière secrète. Devant l’écran trop vif de son ordinateur, à écouter le bruit de ses doigts qui clic-claquent sur les touches. C’est cela, sa forêt. L’écrivain en connaît trop bien chaque sente. Si parfois quelque chose s’en échappe, comme un oiseau levé par un chien à l’aube, c’est sous son regard éberlué – c’était au hasard, c’était malgré lui, malgré elle.
(以下几段讲语言对文学而言的重要性,文学对语言的必要性,略。)
Mais je ne voudrais pas me complaire dans une attitude négative. La littérature – c’est là que je voulais en venir – n’est pas une survivance archaïque à laquelle devrait se substituer logiquement les arts de l’audiovisuel, et particulièrement le cinéma. Elle est une voie complexe, difficile, mais que je crois encore plus nécessaire aujourd’hui qu’au temps de Byron ou de Victor Hugo. Il y a deux raisons à cette nécessité : D’abord, parce que la littérature est faite de langage. C’est le sens premier du mot : lettres, c’est-à-dire ce qui est écrit. En France, le mot roman désigne ces écrits en prose qui utilisaient pour la première fois depuis le Moyen Age la langue nouvelle que chacun parlait, la langue romane. La nouvelle vient aussi de cette idée de la nouveauté. A peu près à la même époque, en France l’on a cessé d’utiliser le mot rimeur (de rime) pour parler de poésie et de poètes – du verbe grec poiein, créer. L’écrivain, le poète, le romancier, sont des créateurs . Cela ne veut pas dire qu’ils inventent le langage, cela veut dire qu’ils l’utilisent pour créer de la beauté, de la pensée, de l’image. C’est pourquoi l’on ne saurait se passer d’eux. Le langage est l’invention la plus extraordinaire de l’humanité, celle qui précède tout, partage tout. Sans le langage, pas de sciences, pas de technique, pas de lois, pas d’art, pas d’amour. Mais cette invention, sans l’apport des locuteurs, devient virtuelle. Elle peut s’anémier, se réduire, disparaître. Les écrivains, dans une certaine mesure, en sont les gardiens. Quand ils écrivent leurs romans, leurs poèmes, leur théâtre, ils font vivre le langage. Ils n’utilisent pas les mots, mais au contraire ils sont au service du langage. Ils le célèbrent, l’aiguisent, le transforment, parce que le langage est vivant par eux, à travers eux et accompagne les transformations sociales ou économiques de leur époque.
Lorsque, au siècle dernier, les théories racistes se sont fait jour, l’on a évoqué les différences fondamentales entre les cultures. Dans une sorte de hiérarchie absurde, l’on a fait correspondre la réussite économique des puissances coloniales avec une soi-disant supériorité culturelle. Ces théories, comme une pulsion fiévreuse et malsaine, de temps à autre ressurgissent ça et là pour justifier le néo-colonialisme ou l’impérialisme. Certains peuples seraient à la traîne, n’auraient pas acquis droit de cité (de parole) du fait de leur retard économique, ou de leur archaïsme technologique. Mais s’est-on avisé que tous les peuples du monde, où qu’ils soient, et quel que soit leur degré de développement, utilisent le langage ? Et chacun de ces langages est ce même ensemble logique, complexe, architecturé, analytique, qui permet d’exprimer le monde – capable de dire la science ou d’inventer les mythes.
(下面讲文学之所以存在的第二个理由——出版业,略。)
Ayant défendu l’existence de cet être ambigu et un peu archaïque qu’est l’écrivain, je voudrais dire la deuxième raison de l’existence de la littérature, car celle-ci touche davantage au beau métier de l’édition.
L’on parle beaucoup de mondialisation aujourd’hui. On oublie que le phénomène a commencé en Europe à la Renaissance, avec le début de l’ère coloniale. La mondialisation n’est pas une mauvaise chose en soi. La communication rend le progrès plus rapide, en médecine, ou en sciences. Peut-être que la généralisation de l’information rendra les conflits plus difficiles. S’il y avait eu internet, il est possible que Hitler n’eût pas réussi son complot mafieux – le ridicule l’eût peut-être empêché de naître.
Nous vivons, paraît-il, à l’ère de l’internet et de la communication virtuelle. Cela est bien, mais que valent ces stupéfiantes inventions sans l’enseignement de la langue écrite et sans les livres ? Fournir en écrans à cristaux liquides la plus grande partie de l’humanité relève de l’utopie. Alors ne sommes-nous pas en train de créer une nouvelle élite, de tracer une nouvelle ligne qui divise le monde entre ceux qui ont accès à la communication et au savoir et ceux qui restent les exclus du partage ? De grands peuples, de grandes civilisations ont disparu faute de l’avoir compris. Certes de grandes cultures, que l’on dit minoritaires, ont su résister jusqu’à aujourd’hui, grâce à la transmission orale des savoirs et des mythes. Il est indispensable, il est bénéfique de reconnaître l’apport de ces cultures. Mais que nous le voulions ou non, même si nous ne sommes pas encore à l‘âge du réel, nous ne vivons plus à l’âge du mythe. Il n‘est pas possible de fonder le respect d’autrui et l’égalité sans donner à chaque enfant le bienfait de l’écriture.
Aujourd’hui, au lendemain de la décolonisation, la littérature est un des moyens pour les hommes et les femmes de notre temps d’exprimer leur identité, de revendiquer leur droit à la parole, et d’être entendus dans leur diversité. Sans leur voix, sans leur appel, nous vivrions dans un monde silencieux.