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分类: 说东道西【议】 |
Aux abords de la rivière Shennong, comme au sommet des monts Huangshan, les héros de légendes s’accrochent aux pics des montagnes où se cachent dans les creux des rochers, les cheveux des fées sont devenus les mèches des nuages et leurs larmes, les torrents qui dévalent les montagnes. En Chine, comme nulle part ailleurs, on lit dans les formes naturelles et l’on voit dans la découpe d’un rocher, un étudiant qui attend le résultat de ses examens, ou dans l’inclinaison d’un prunier, une jeune fille qui laisse sécher ses cheveux. Assimilés à des images humaines ou animales, les éléments des paysages ne sont plus de simples choses mais des réalités vivantes, dotées d’une âme. Comme si la nature était à l’image de l’homme, ou plutôt comme si l’une se confondait dans l’autre. C’est peut-être cela la quête de l’harmonie : considérer l’univers comme un organisme vivant, dans lequel participent de façon égale, les cieux, les eaux et la terre, où l’esprit n’est pas dissocié de la matière, et où les énergies vitales habitent également l’animé et l’inanimé. C’est à travers l’écoute, l’observation de l’univers, de ces forces telluriques et minérales, que les sages recherchèrent les secrets …de la longévité, afin d’en saisir les lois d’équilibre, appelées yin et yang. Dès lors, les artistes et les savants, les lettrés et les artisans, tentèrent de signifier l’essence de la nature dans tout ce qu’ils créaient : dans les couleurs des céramiques impériales, ils virent le bleu des œufs de merle, toute la faune et la flore de l’empire servirent de décor aux fastes des parures et il fut un temps où à Chang’an (l’ancienne Xian), le jour de la floraison des pivoines était une fête nationale. Partout, on chercha la trace du passage des énergie vitales. Au Yunnan, au pied des monts Hengduan, à l’endroit-même où naissent les Himalaya, des coupes dans la roche ont révélé des veines de marbre qui suggérèrent aux mandarins des paysages de montagnes noyés sous des nuages de jade, ou des chauve-souris qui lorsque l’on prononce leur nom, on s’entend dire le mot « bonheur » . Ces visions ont profondément touché les Chinois. Ils nommèrent ces morceaux de montagne des pierres à rêve et ils en remplirent les dossiers de leurs chaises, le plateau de leurs tables dans leurs résidences du Sud où les jardins devinrent des lieux de vie idéale.
L’art de créer des jardins témoigne encore de ce désir de sensoriel qu’éprouvaient particulièrement ces lettrés, lassés de la politique et dont l’unique désir était de se rapprocher de la nature. Par tradition autant que par ruse, les lettrés avaient très souvent recours à la nature comme alibi politique. Jusqu’où parler à mots couverts peut légitimer d’utiliser des métaphores naturelles : ainsi, les orchidées et les rochers des encres de Zhao Mengfu, dissident sous la dynastie des Yuans, suggèrent la position des lettrés à même d’ignorer les calomnies et les envies des rivaux tout comme les orchidées parviennent à fleurir au milieu des épines. Dans les jardins de Suzhou, aux noms un peu affectés comme la Politique des Simples ou le Maître des Filets, la mise en scène artificielle des deux éléments fondateurs de l’équilibre naturel, l’eau et la montagne, y est parfaitement maîtrisée. Une sophistication discrète émane de la capacité à reformuler de façon sensible, la plénitude naturelle, les symboles et les évocations propres à la nature, au travers du kiosque de la brise et de la lune, ou le pavillon des pierres qui écoutent le luth.